3 octobre : une date meurtrière près de la Méditerranée
Le 3 octobre est une date qui s'est avérée marquante pour bon nombre de méditerranéens. En effet, dans les 50 dernières années, deux catastrophes majeures liées aux orages diluviens typiques des abords de la Grande Bleue durant la saison automnale se sont produites, s'accompagnant de dégâts très importants et de nombreuses victimes.
3 octobre 1988 : catastrophe sur le Gard
Alors que les jours précédents s'étaient déjà montrés humides près de la Méditerranée en raison du passage d'un talweg sur la France, un calme relatif était revenu sur le sud-est en journée du 2 octobre 1988. Si les pressions étaient reparties à la hausse sur la majorité de la France, une petite goutte froide persistait néanmoins sur l'ouest du pays, plongeant peu à peu vers l'Aquitaine au fil de la journée. Celle-ci a apporté un nouveau regain d'instabilité sur le sud-est et notamment les abords du golfe du Lion en soirée du 2 octobre et notamment la nuit suivante du côté du Gard.
En effet, en fin de soirée du 2 octobre, de violents orages stationnaires se sont formés sur l'ouest du département du Gard, concernant d'abord la région de Sommières puis se décalant au nord de Nîmes dans la nuit tout en se montrant très peu mobiles. Ces orages ont rapidement adopté une structure en V avec une pointe se régénérant sans cesse sur les mêmes secteurs jusqu'en cours de matinée suivante.
Animation radar du 2 au 3 octobre 2025 sur la France - Archives Météo-France
Les cumuls se sont de ce fait montrés particulièrement importants sous ces orages durables et peu mobiles. Il est en effet tombé au moins 420 mm au Mas-de-Ponge au nord immédiat de Nîmes, dont 220 mm entre 8 h et 11 h 30 ("au moins" car le pluviomètre a débordé au cours de l'épisode). La DDE de Nîmes-Kennedy a également recueilli 311 mm de 4 h à 13 h (101 mm de 4 h à 7 h puis 210 mm de 7 à 13 h). Le pluviomètre de la station météo principale de Nîmes-Courbessac a quant à lui enregistré 263 mm dont 210 mm de 7 h à 13 h.
Le phénomène a stationné tout au long de la matinée sur un périmètre très restreint, les secteurs immédiatement voisins ne recueillant que quelques dizaines de millimètres (35 mm à Nîmes-Garons).
Cumuls de précipitations lors de l'épisode orageux du 2/3 octobre 1988 dans le Gard - Archives Météo-France
Bien entendu, de tels cumuls de précipitations dans une zone urbanisée ont eu de graves conséquences. Des inondations catastrophiques se sont en effet produites sur la capitale du Gard entre la nuit et la matinée du 3 octobre avec de véritables torrents dévalant la ville et emportant tout sur leur passage.
Un habitant se réfugie sur un abri bus pour éviter les torrents de boue en plein Nîmes en matinée du 3 octobre 1988 - Archives Météo-Villes
Les dégâts sont particulièrement importants sur Nîmes avec de très nombreux bâtiments sinistrés et des milliers de véhicules emportés par les eaux. Le bilan humain est malheureusement lourd avec 11 victimes dont deux pilotes d'hélicoptères qui portaient secours aux personnes en difficultés.
Importants dégâts suite aux inondations du 3 octobre 1988 à Nîmes - Archives Météo-Villes
On estime que 45 000 personnes ont été sinistrées par ces inondations. 70 communes autour de Nîmes furent par la suite classées en zone de catastrophe naturelle et les dégâts furent estimés à plus de 600 millions d'euros.
3 octobre 2015 : la Côte d'Azur lourdement sinistrée
Le début du mois d'octobre a un goût véritablement amer pour les habitants des Alpes-Maritimes. On se souvient par exemple de la catastrophe du 2 octobre 2020 où les vallées de ce départements ont été touchées par des orages diluviens engendrant des inondations majeures et 18 victimes. Néanmoins, 5 ans avant, le 3 octobre 2015, une autre catastrophe encore plus meurtrière touchait le sud de ce même département, notamment les secteurs entre Mandelieu-la-Napoule et Nice.
Comme pour la catastrophe de Nîmes, les jours précédents avaient été relativement humides sur le sud-est avec des cumuls déjà notables entre le 1er et le 2 octobre, dépassant parfois les 70-80mm entre l'est du Var et l'Ouest des Alpes-Maritimes (88.3mm en 48h à Cannes-Mandelieu). Ainsi, les sols étaient déjà saturés d'eau avant l'arrivée du front pluvio-orageux principal prévu pour la soirée du 3 octobre.
C'est à partir des environs de 20h que la situation a véritablement dégénéré sur l'ouest des Alpes-Maritimes, notamment entre Mandelieu et Antibes avec la formation d'un virulent orage stationnaire sur le secteur, s'accompagnant de pluies diluviennes et d'une forte activité électrique.
Animation satellite sur le sud-est de la France entre 20h et 22h le 3 octobre 2015 - Via keraunos.org
Les intensités pluvieuses se sont en effet avérées extrêmes sur ces secteurs avec par exemple 106mm en 1h à la station de Cannes, 99mm durant le même laps de temps à la station de Mandelieu à quelques kilomètres de là. On a pu relever 175mm en seulement deux heures à Cannes (196mm au total) et 152mm à Mandelieu (159mm au total) mais également 109mm durant ce même laps de temps à Antibes et 89mm à Nice. Notons aussi des cumuls impressionnants de 69 mm en 30 min à Mandelieu et 68,8 mm puis 57,5 mm en 30 min, des intensités parmi les plus importantes jamais observées en France en un si court laps de temps.
Cumuls de précipitations durant l'épisode du 3 octobre 2015 au soir sur les Alpes-Maritimes - Via Keraunos.org
De telles intensités sur des sols déjà saturés par les pluies des jours précédents ont engendré des inondations catastrophiques sur les secteurs cités précédemment. On a en effet pu observer des crues extrêmement rapides de fleuves côtiers comme la Brague, la Frayère ou le Riou de Mandelieu. Ces cours d'eau ont vu leur débit et leur niveau augmenter extrêmement rapidement sous l'orage, certains prenant plusieurs mètres en seulement quelques minutes et emportant tout sur leur passage.
Importants dégâts le long de la Brague à Biot le 4 octobre 2015 - Nice-Matin
Outre ces crues exceptionnelles et rapides, de très importants ruissellement urbains ont également été observés, notamment entre Cannes et Antibes où de véritables torrents ont dévalé les rues durant plusieurs dizaines de minutes, emportant de nombreux véhicules et endommageant des dizaines de bâtiments.
Importants dégâts en plein Cannes le 4 octobre 2015 - France 3 Régions
Le bilan humain est particulièrement lourd puisqu'au moins 20 personnes ont perdu la vie durant la soirée du 3 octobre 2015 entre Mandelieu et Antibes, dont 8 à Mandelieu et 5 à Cannes. Le bilan matériel est également important avec 14 communes plus ou moins lourdement sinistrées dans les Alpes-Maritimes, 65 000 personnes et 8 000 entreprises sinistrées 70 000 véhicules endommagés et des dégâts s'élevant à environ 605 millions d'euros.
Lourds dégâts à Biot suite à de forts ruissellements urbains - Nice-Matin
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Auteur : Tristan Bergen
